Paravents en laque de Coromandel

Chine Plus octobre 2009 – Paravents en laque de Coromandel

Les laques de « Coromandel » ont hérité d’un nom qui leur avait été faussement attribué par des marchands européens. C’est un malentendu qui a fini par brouiller les pistes concernant la provenance de ceux-ci. Coromandel est une partie de la côte sud-est entre la rivière Godava et Nagapatnam en Inde. Au XVIIe siècle, le commerce et l’importation d’objets d’ameublement en provenance de la Chine vers l’Europe se faisait par route maritime. Les objets transitaient par Coromandel, ce qui en faisait un point de relais vital pour le commerce. Nombreux étaient donc les gens à penser que les objets arrivant de Coromandel étaient vraiment fabriqués à Coromandel.

Ce sont les portugais qui sont arrivés en premier en Inde en 1496, puis en Chine vers 1514. Dès le XVIe et XVIIe siècle, on trouve dans les collections européennes des objets en laque importés de Chine. Tout comme pour la porcelaine, la « VOC » Vereenigde Oostindische Compagnie (Compagnie des Indes) hollandaise, ainsi que la « EIC » East India Company anglaise, ont établi un commerce d’import conséquent avec les pays de l’Extrême Orient, notamment la Chine. Les riches marchands européens passaient commande d’objets en laque tels des éventails, boîtes, écrans et paravents, plateaux et tout autre objet décoratif. Les objets en laque de Coromandel étaient généralement des paravents et rarement des objets de petite taille. Les paravents de Coromandel étaient très appréciés à l’époque, on peut en trouver des exemplaires ornant les intérieurs sur les peintures flamandes du XVIIe ou XVIIIe siècle.

La technique de fabrication consiste à graver un motif dans la couche de laque préalablement appliqué sur une âme en bois d’environ 1 cm enduite de tissus de lin ou de chanvre et de sang de porc, qui révèle un fond neutre. Ce dernier est ensuite enduit d’une couche de laque coloré. Cette technique est connu en Chine depuis le XVIe siècle – d’abord pour le marché intérieur, elle est appelé « kuan cai » 款彩, laque coupé et coloré. Les centres de productions principaux se trouvaient dans les provinces du Sud, notamment Jiangsu, Anhui, Fujian, Zhejiang et Guangdong.

Les premiers paravents du XVIe ont été pour la plupart de très grande taille, 2,5 à 3 m de haut et composés de 12 panneaux assez fins. Les paravents de taille moyenne – 1,8 à 2 m et de 6 à 12 feuilles datent généralement des XVIIIe ou XIXe siècles. Il existe des paravents de petite taille à 12 feuilles qui étaient posés derrière un trône ou encore des paravents miniatures de table pour protéger le calligraphe pendant son travail. Ces paravents sont le plus souvent décorés sur un fond noir et plus rarement sur un fond or, de personnages et palais sur un côté et d’oiseaux et fleurs de l’autre. On peut également trouver des inscriptions sur une face qui souvent réfèrent au paravent comme étant un cadeau d’anniversaire d’une personne de renom ou un cadeau de prise de retraite d’une personne de grande notoriété intellectuelle. Ces paravents étaient moins coûteux que ceux aux incrustations de nacre et pour cette raison ils étaient plutôt destinés à un public moins riche que la cour impériale ou les très hauts fonctionnaires. Les laques de la cour impériale étaient très souvent des laques incrustés de nacre, de pierre dure ou d’ivoire. Cela explique le fait que l’on ne trouve pratiquement jamais des paravents en laque de Coromandel avec un décor de dragons à cinq griffes, symbole impérial.

Les prix d’un paravent peuvent varier selon l’âge, la taille et la qualité d’exécution du travail. Ainsi un très grand paravent à douze feuilles du XVIIe ou XVIIIe en bon état avec un décor courant comme les oiseaux et fleurs peut facilement atteindre 30.000 à 50.000 €, tandis que des paravents à décor d’européens sont plus rares et peuvent atteindre jusqu’à 200.000 €. Les paravents plus tardifs XIXe de grande taille peuvent être abordables autour de 5.000 à 6.000 €, les plus petits d’environ 1,20 m sont côtés autour de 1.500 €.

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